Qu’est-ce que le commerce équitable ?


Les gens sont de plus en nombreux à connaître ce terme dont la notoriété atteint plus de 80% dans certains milieux. Mais cela ne signifie pas que tous soient en mesure de le définir, ni de distinguer les différents logos qui prétendent attester la qualité sociale ou environnementale des produits. D’ailleurs, le commerce équitable est plus large que le système codifié qui prétend en capter l’essence ; c’est d’abord un mouvement social qui revendique, depuis plusieurs décennies déjà, des échanges économiques plus justes entre le Nord et le Sud. Ce mouvement défend l’idée que la pauvreté des pays dits « sous-développés» ne s’explique pas tant par un retard de développement, mais qu’elle résulte de modalités commerciales désavantageuses fixées par les partenaires du Nord. Deuxièmement et plus concrètement, le commerce équitable repose sur les deux principaux systèmes de commercialisation qui se sont progressivement institutionnalisés au cours des dernières années pour proposer un marché alternatif régulé en fonction d’autres principes et impliquant d’autres acteurs que le commerce traditionnel: la filière intégrée et la filière labellisée du commerce équitable. L’une et l’autre s’appuient sur des ONG qui organisent le circuit commercial tout comme elles attestent les caractéristiques équitables des produits. Au sein de la filière labellisée, un logo apposé sur les produits offre cette garantie permettant de les identifier sur les linéaires de la grande distribution et même parmi la gamme de produits proposés par les grandes entreprises traditionnelles de l’alimentation. Du côté de la filière intégrée, cela se fait à travers une distribution spécialisée et relativement étanche qui mise d’abord sur l’engagement des différents acteurs tout au long de la chaîne à œuvrer pour un commerce équitable. Ce n’est pas le produit que l’on certifie dans ce cas, mais plutôt les pratiques des différents acteurs du circuit. Enfin, le commerce équitable représente aussi une idéologie selon laquelle le commerce et l’économie en général peuvent être mis au service du progrès social, de l’équité et des valeurs de solidarité entre les peuples et les individus. Dans cette perspective, il s’intègre à la grande famille de l’économie sociale et aux différentes formes de consommation responsable ou éthique. Bref, même si on l’y réduit parfois, le commerce équitable est beaucoup plus qu’un logo, qu’il soit apposé sur un produit comme dans le cas de la filière labellisée ou accolé à l’enseigne d’une boutique du côté de la filière intégrée. Mais le logo porte néanmoins tout le questionnement et toutes les critiques qui habitent le mouvement du commerce équitable à propos d’un système commercial qui semble reproduire, sous le couvert d’une rationalité économique, des rapports de domination issus d’une autre époque.


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