Autistes au travail : le maintien des efforts après l’embauche


L’un des pièges les plus fréquents du recrutement de la personne autiste consiste, une fois le bref moment des présentations mutuelles passées, à considérer que la personne autiste ne le serait pas réellement : normale en apparence, elle devrait suivre en tout le fonctionnement d’un collaborateur non-autiste. Selon les cas, cette situation peut perdurer quelques heures ou quelques semaines ; pourtant, l’échec est à peu près inévitable à moyen terme. Il convient au contraire, même dans les cas les plus réussis d’inclusion professionnelle, de conserver un canal privilégié pour échanger avec la personne au sujet de son travail. A titre d’exemple, l’entreprise israélienne de formation AQA, dont le succès n’est plus à démontrer et dont les diplômés sont particulièrement recherchés sur le marché de l’emploi, veille à maintenir un lien, quitte à lui donner une forme amicale et festive, avec ses anciens élèves, y compris avec ceux ayant le mieux réussi. A ce titre, on ne peut que déplorer l’absence à peu près totale des services destinés au maintien dans l’emploi de la sphère de l’autisme. Le même travail prévu à l’endroit des Cap Emploi devrait être mené avec les Sameth. De même, il conviendra de réfléchir à la pertinence de la traditionnelle séparation entre le temps de travail et le temps dit privé : s’il est assurément louable que le droit du travail protège autant que faire se peut la vie du travailleur hors de son temps de travail, en restreignant les possibilités d’ingérence de l’employeur dans par exemple le choix du domicile, cette séparation n’est pas nécessairement optimale pour les personnes autistes, en particulier celles qui sont les plus isolées, dénuées d’entourage qui les aide et soutienne pour diverses tâches du quotidien. En l’absence de service remplissant effectivement ce rôle, pourrait faire partie des conventions signées à l’embauche un devoir de responsabilité de l’employeur par rapport à un certain nombre de points, tels que l’aide à la recherche de logement, le financement d’un certain volume horaire hebdomadaire d’aide humaine à définir en concertation avec la personne.


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